mardi 4 juin 2019

Gun Crazy (Le démon des armes) 1949

Bart, jeune américain d’une petite ville sans histoires, est dès son plus jeune age un passionné des armes à feu. Adolescent il tente le cambriolage d’une armurerie mais se fait épingler en un rien de temps. Jeune garçon amical entouré d’affection, l'entourage de Bart n’y voit qu’un caprice juvénile qui disparaîtra bientôt. Après un séjour dans une maison de correction décidé par le juge, l'affaire semble close. Ce n’est que le point de départ d’une carrière dans le crime, qui se poursuivra le jour ou il tombera amoureux d’une femme elle aussi animé par Le démon des armes ...


Synopsis :
John Dall, comme Freddy MacMurray avant lui en 1944 dans Double indemnity (assurance sur la mort) est un de ces types malchanceux qui tombe amoureux de la mauvaise femme, pour ensuite sombrer en enfer pour elle. Pour PeggyCummings (Laurie), jeune foraine aussi belle que douée pour utiliser une arme. Bart de son côté est à l’image de sa petite ville ou commence l’histoire : sans problèmes et calme. Le début du film est typiquement américain : Le jeune Bart exhibe fièrement son arme à l’école devant ses petits camarades de classe, comme un autre montrerait son canif ou son harmonica pour citer sa maîtresse. Bien loin de vouloir remettre en cause l’article débile de la constitution concernant les armes, le film ne dénonce pas la possession d’armes à feu mais tente de prouver au contraire que l’on peut être passionné d’armes dès l’adolescence, sans que ce soit une anomalie. Une première partie qui affirme subtilement que la passion des armes peut aussi concerner des êtres normaux, « pas mauvais pour un sou ». Preuve : La raison de l’envoi du jeune Bart en maison de correction est sa tentative d’effraction et non pas sa possession d’une arme à l’école...Bref, le propos du film n’est pas la, je voulais juste souligner les différences flagrantes que l’on peut observer entre nos deux mondes, dans de simples œuvres cinématographiques, surtout qu’au final nous sommes face à l’un des meilleurs film noir. Face à Bart donc, dont le caractère simple et tranquille se reflète dans la ville où il grandit, Laurie. Jeune et belle dont il tombe amoureux dès le premier regard, sous les yeux de ses amis d’enfance qui, témoins de leur rencontre, s’aperçoivent bien de la chose discrètement. Laurie est l’élément destructeur qui déclenche dans la vie de Bart ce qui le conduira à sa perte. Thème fidèle au Film Noir, la femme fatale manipulatrice et meurtrière. Ensemble le couple vivote et parvient difficilement à subsister.
Laurie veut du train de vie de star, d’un homme qui lui apportera le monde. Bientôt elle convainc Bart d’user de leur talent pour les armes pour faire des braquages. Le couple qu’ils forment, séduisant et meurtrier, va ensemble comme les balles vont avec les munitions. Bart agit par amour, comment pourrait-il en être autrement lorsque la femme qu’il aime lui fait un chantage comme Laurie lui inflige. Elle lui lance un ultimatum faussement pudique, tout en sensualité, enfilant ses bas lascivement dans une scène mémorable ou elle lui annonce tranquillement qu’elle le quitte si il refuse de se lancer. Bart se lance mais n’aime pas le nouvel aspect de sa personnalité. Désormais il est un braqueur et il n’aime pas l'image que lui renvoie son miroir. Il en vient même à regretter l’époque ou il n’était qu’un type honnête. Désormais plus rien ne semble réel pour Bart excepté Laurie. Laurie devient sa seule réalité, le reste n'est plus qu'un cauchemar. La réalité devient de plus en plus menaçante pour le couple de gangsters, pour qui chaque nouveau coup est plus difficile, et leur popularité plus importante. Plus de risque, plus de danger et pour Laurie qui développe une véritable dépendance au braquage, plus d’adrénaline également. Le cauchemar se matérialise peu a peu pour prendre une importance inquiétante lors d’un gros coup que Laurie à convaincue Bart de faire avant de fuir le pays...

Joseph H. Lewis. Utilise dans ce film les ingrédients que l’on connaît des Films Noirs à succès. Les icônes du malaise urbain bien sur, la pluie, la nuit, mais aussi des plans magnifiques et très inventifs. Je pense notamment à la célèbre scène du braquage de 3 minutes 32 secondes ou une caméra fixe se situe sur le siège arrière de la voiture de Bart et Laurie lors d’un braquage. La caméra se tourne juste une fois de quelques degrés pour montrer Laurie qui assomme un flic sur le trottoir avant de démarrer en trombe. Suit, juste après le démarrage, un sourire langoureux et érotique de Laurie enlaçant de son bras les épaules de Bart. Sourire de satisfaction quasi sexuelle évoquant clairement sa dépendance à la violence qui découle de leurs activités. Une scène immanquable. Sans créer de vision décalée novatrice majeure, Lewis se sert aussi de l’éclairage partiel pour ses personnages. Demi-éclairage, fumée, lieux exigus. Souvent les personnages sont dans des lieux presque anormaux. En planque en forêt, ou dans le wagon sale d’un train à vive allure. Parfois plusieurs, trois ou quatre, dans le même plan, ajoutant un sentiment d’étroitesse et d’inquiétude. Gun Crazy n’a pas fini de passionner les amateurs de "gangsters movies" à l’image travaillée et au final percutant. Gun Crazy est l'un des nombreux Film Noirs qu’il faut découvrir impérativement.

Ancienne critique de mon site web Gangsterfamily.com consacré aux films de gangsters, que j'animais début 2000

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