mardi 4 juin 2019

The Public Enemy (L'ennemi public) - 1931

Trois films marquent les années 30 aux Etats-Unis. Trois films qui présentent des gangsters comme des personnages romantiques, et feront polémique. « Little Caesar », « The Public Enemy » et « Scarface ».  La montée de la criminalité durant la prohibition, donne à certains auteurs la chance d'écrire sur leur expérience personnelle du milieu. Des auteurs comme Kubec Glasmon & John Bright avec leur livre « Beer and Blood ». Amis depuis l’enfance, jeunes arpentant les rues sordides de New York, ils s’inspirent grandement de leur passé pour écrire leur histoire. Warner, comme d’autres studios, estime que le public s’intéressera à ces biographies et décide d'adapter le livre des compères pour nous offrir : « The Public Enemy ». A l'instar de Scarface la même année, le film débute par un réquisitoire au public, annonçant une vérité dérangeante. A cette époque il était nécessaire pour les studios de se justifier avant que le film commence. Impossible à comprendre aujourd'hui tellement notre approche du cinéma est différente. Le média cinématographique est si embryonnaire en 1930, que les studios introduisent l'histoire, avec désengagement. L'audience est « responsabilisée » et les studios affirment clairement aux spectateurs qu’ils peuvent changer les choses. La dissimulation subtile n'existe pas encore, mais cela n'enlève rien à la puissance évocatrice de ces films. « Scarface » de Howard Hawks ira plus loin dans cette optique, allant jusqu'à montrer des élus débattre de la violence grandissante.

« The Public Enemy », pur « Film De Gangster » à l’ancienne comme on peut les compter sur les doigts d’une main, décrit la vision d’un univers parallèle, d'un seul bord, celui des truands. La police n’est jamais montrée sous un jour favorable et n’y fait finalement qu’un rôle de figuration. Le film démarre alors que les deux malfrats Tom Powers (Cagney) et Matt Doyle (Edward Wood) sont encore enfants. Nul doute que la longue amitié des auteurs a influencés nombres de moments de la première partie du film. Bien avant le début de la prohibition, les amis sont déjà du mauvais coté de la loi. Tom est trop désireux de mener un train de vie supérieur, comme son ami Matt. La prohibition arrive, et voir la réaction du citoyen lambda de l’époque, se ruer dans les « liquor store », acheter le maximum d’alcool, avant la date fatidique d’application de la loi Volstead est troublante. Images de transition inventives pour annoncer le début d’une nouvelle ère annoncée chaotique. Durant cette seconde période, Paddy Ryan (Robert E. O’Connor) constituera une équipe solide de « Bootleggers » conduite par Nails Nathan (Leslie Fenton qui incarne ici un gangster ayant vraiment existé), jusqu’aux gros bras intimidant les revendeurs, nouveau boulot de Tom et Matt. Seule la mort prématurée de Nails fera éclater une guerre des gangs entre l’équipe de Paddy et celle de Shermer, pour le contrôle des débits de boissons.
La réalisation de William Wellman est novatrice pour l’époque. Il emprunte parfois aux techniques du cinéma muet pour certains plans. La violence n’est jamais montrée directement, la caméra la fuit sans cesse. « Ce qui la rend encore plus insupportable » selon Scorsese dans un documentaire sur le dvd zone 1. Les points de vues de la caméra sont recherchés, inventifs et modernes. Il faut ajouter à tout ceci le jeu d’acteur de James Cagney, un modèle encore aujourd’hui. L’anecdote est qu’il devait jouer le second rôle de Matt au début, mais son jeu lui valu d’avoir le premier rôle finalement. Son expérience d’ancien danseur à Broadway est très présente dans son jeu. Sa gestuelle innovante (les coups de poings amicaux qu’il donne, le petit pas de danse avant de rentrer dans sa voiture…), jusqu’au moment qui créa la controverse lorsqu’il écrase un pamplemousse sur la figure de sa maîtresse. Moment culte et subversif, qu'il serait impossible à reproduire aujourd'hui. La réalisation est explosive, le casting admirable, le sujet délicat. Il s'agit définitivement d'un chef d’œuvre incontestable du cinéma mondial, pas moins.
La rondelle DVD est acceptable, comme ses petites sœurs du coffret « Gansgter Movies » volume 1 de chez Warner. Documentaire ou Scorsese se partage le rôle d’expert cinéphile aux nombreuses explications, avec Robert Skiar, historien du cinéma. Toujours lui sur les commentaires audio, non sous titrés mais passionnants si vous parlez anglais. Les news de l’époque, la bande annonce et un dessin animé Warner qui parodie les gangster. Ho joie ! Ho bonheur ! le film a les sous titres français. Ce DVD respecte le classique. L’image possède un beau noir et blanc. Côté son par contre c’est du mono mais le film à 80 piges c’est normal. Un must a posséder. Surtout a ce prix la.

Ancienne critique de mon site web Gangsterfamily.com consacré aux films de gangsters, que j'animais début 2000  

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