Trois films
marquent les années 30 aux Etats-Unis. Trois films qui présentent
des gangsters comme des personnages romantiques, et feront polémique.
« Little Caesar », « The Public Enemy » et
« Scarface ». La montée de la criminalité durant la
prohibition, donne à certains auteurs la chance d'écrire sur leur
expérience personnelle du milieu. Des auteurs comme
Kubec Glasmon & John Bright avec leur livre « Beer and
Blood ». Amis depuis l’enfance, jeunes arpentant les rues
sordides de New York, ils s’inspirent grandement de leur passé
pour écrire leur histoire. Warner, comme d’autres studios,
estime que le public s’intéressera à ces biographies et décide
d'adapter le livre des compères pour nous offrir : « The
Public Enemy ». A l'instar de Scarface la même année, le film débute
par un réquisitoire au public, annonçant une vérité dérangeante. A cette époque il était nécessaire pour les studios de se justifier
avant que le film commence. Impossible à comprendre aujourd'hui
tellement notre approche du cinéma est différente. Le
média cinématographique est si embryonnaire en 1930, que les studios
introduisent l'histoire, avec désengagement.
L'audience est « responsabilisée » et les studios
affirment clairement aux spectateurs qu’ils peuvent changer les
choses. La dissimulation subtile n'existe pas encore, mais cela
n'enlève rien à la puissance évocatrice de ces films. « Scarface »
de Howard Hawks ira plus loin dans cette optique, allant jusqu'à
montrer des élus débattre de la violence grandissante.
« The
Public Enemy », pur « Film De Gangster » à
l’ancienne comme on peut les compter sur les doigts d’une main, décrit la vision d’un univers parallèle, d'un seul bord, celui des
truands. La police n’est jamais montrée sous un jour favorable et
n’y fait finalement qu’un rôle de figuration. Le film démarre
alors que les deux malfrats Tom Powers (Cagney) et Matt Doyle (Edward
Wood) sont encore enfants. Nul doute que la longue amitié des
auteurs a influencés nombres de moments de la première partie du
film. Bien avant le début de la prohibition, les amis sont déjà du
mauvais coté de la loi. Tom est trop désireux de mener un train de vie supérieur,
comme son ami Matt. La prohibition arrive, et voir la réaction du citoyen lambda de l’époque, se ruer dans les
« liquor store », acheter le maximum d’alcool, avant la
date fatidique d’application de la loi Volstead est troublante. Images de
transition inventives pour annoncer le début d’une nouvelle ère
annoncée chaotique. Durant cette seconde période, Paddy Ryan
(Robert E. O’Connor) constituera une équipe solide de
« Bootleggers » conduite par Nails Nathan (Leslie Fenton
qui incarne ici un gangster ayant vraiment existé), jusqu’aux
gros bras intimidant les revendeurs, nouveau boulot de Tom et Matt.
Seule la mort prématurée de Nails fera éclater une guerre des
gangs entre l’équipe de Paddy et celle de Shermer, pour le
contrôle des débits de boissons.
La
réalisation de William Wellman est novatrice pour l’époque.
Il emprunte parfois aux techniques du cinéma muet pour certains
plans. La violence n’est jamais montrée directement, la caméra la
fuit sans cesse. « Ce qui la rend encore plus insupportable »
selon Scorsese dans un documentaire sur le dvd zone 1. Les points de
vues de la caméra sont recherchés, inventifs et modernes. Il faut
ajouter à tout ceci le jeu d’acteur de James Cagney, un modèle
encore aujourd’hui. L’anecdote est qu’il devait jouer le second
rôle de Matt au début, mais son jeu lui valu d’avoir le premier
rôle finalement. Son expérience d’ancien danseur à Broadway est
très présente dans son jeu. Sa gestuelle innovante (les coups de
poings amicaux qu’il donne, le petit pas de danse avant de rentrer
dans sa voiture…), jusqu’au moment qui créa la controverse
lorsqu’il écrase un pamplemousse sur la figure de sa maîtresse.
Moment culte et subversif, qu'il serait impossible à reproduire
aujourd'hui. La réalisation est explosive, le casting admirable, le
sujet délicat. Il s'agit définitivement d'un chef d’œuvre
incontestable du cinéma mondial, pas moins.
La rondelle
DVD est acceptable, comme ses petites sœurs du coffret « Gansgter
Movies » volume 1 de chez Warner. Documentaire ou Scorsese se
partage le rôle d’expert cinéphile aux nombreuses explications,
avec Robert Skiar, historien du cinéma. Toujours lui sur les
commentaires audio, non sous titrés mais passionnants si vous parlez
anglais. Les news de l’époque, la bande annonce et un dessin animé
Warner qui parodie les gangster. Ho joie ! Ho bonheur ! le
film a les sous titres français. Ce DVD respecte le classique.
L’image possède un beau noir et blanc. Côté son par contre c’est
du mono mais le film à 80 piges c’est normal. Un must a posséder.
Surtout a ce prix la.
Ancienne critique de mon site web Gangsterfamily.com consacré aux films de gangsters, que j'animais début 2000
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