lundi 10 juin 2019

Stefan Zweig - Joseph Fouché (1930)

Motivations

Lire la biographie de Joseph Fouché était pour moi l'occasion de retrouver le style si agréable de Stefan Zweig. J'ai lu son étude de Mary Stuart l'an dernier et j'en garde un souvenir de lecture inoubliable. Je trouve que les biographies historiques originales sont rares. La plupart de celles que j’ai lues sont trop académiques et lassantes.
Et pour être complètement honnête sur mes motivations, je dois avouer que je suis lassé de la politique moderne toujours en train de faire culpabiliser les masses quand il ne s'agit pas de nous enfumer avec une démagogie ras du front. Dépolitisé, blasé et abstentionniste depuis deux présidentielles, je m'interroge souvent sur ce que fut la politique autrefois, notamment durant cette période si complexe et si brutale que fut la révolution Française.



Synopsis

Fils de marin-pêcheur originaire de la Loire, Joseph Fouché ne peux reprendre le commerce de son père en raison de sa santé fragile. Il choisit une carrière académique en entrant au séminaire de Nantes, puis devient professeur de science. Dans cette France de l’ancien régime, espérer une carrière n’est pas envisageable si l’on est pas “noble”. Il est ainsi voué à une existence universitaire, calme et provinciale, ni bourgeois, ni aristocrate. Le destin en décidera autrement car en 1788 il fait la connaissance d’un certain Robespierre à Arras. Sous la révolution, puis auprès des différents gouvernements, Fouché deviendra un des hommes politiques français les plus habiles, l’un des plus puissants de son époque, mais aussi l’un des plus cruels.

Critique

On s'éclate à lire cette biographie ! Malgré cette déclaration simpliste, je vous garantie que vous serez “challengé” sur cette lecture. Comme je l'affirmait en préambule, il s’agit d’une lecture en marge des exposés didactiques, passionnante et viscérale. Dans un mélange de narratif et de thèse historique accessible, Zweig nous plonge dans une époque trouble et magnifique a la fois. Fouché, représente bien son siècle, si tourmenté et violent. Il traverse cette époque carnassière donc l’impact est restée intacte aujourd’hui. Tantôt conseiller, tantôt proche des puissants, tantôt ministre de la Police, parfois dans l'opposition, l’homme incarne tout ce nous détestons dans les hommes politiques, et pourtant, encore aujourd’hui, il fascine. Aucun personnage n’a personnifié avec autant de brio la manipulation à mes yeux.
Aucune sacralisation n’existe dans le récit de Zweig, pas de scènes touchantes (on peut toujours rêver), mais beaucoup d’interrogations sur la vie politique sur l’avant et l’après guillotinage du gros Capet sont décrites simplement.
Je ne veux pas rabaisser Fouché en simple outil bureaucratique, le génie du type à d’une certaine manière, façonné le pays tel que nous le connaissons. Le machiavélisme de ses décisions, ses trahisons malgré tout cohérentes ou ses approches politiques radicales sans humanisme, sans raccourcis, (sans autorisations parfois) et même sans morale, ne laissent aucune place à ses ennemis toujours plus nombreux.

Et c’est là la force et la faiblesse de Fouché, dont je ne dilvulguacherait pas la fin de vie, même si je dois avouer qu’elle me laisse indifférent tellement le personnage n’est pas attachant un seul instant.
Le livre terminé, j’ai eu comme une impression étrange. La biographie de Zweig dépeint une à une les facettes du personnage, de façon frontale mais en expliquant (déjà en 1931) que les mêmes erreurs politiques se reproduisent aujourd’hui. L’idée n’est pas novatrice, mais lorsque l’on sait comment Zweig à fini sa vie, on est en droit de se  demander si cette oeuvre n’est pas une profession de foi. Comme un avertissement sur ceux que nous élisons….

Une ironie d’outre tombe ?

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