samedi 3 décembre 2022

Les Little - Les Vrais - Un album de rap culte

Dès la fin des années 80, une musique d’un genre inédit connait une popularité grandissante dans toutes les banlieues, au-delà des frontières américaines ou elle a vu le jour, une musique qui semble à l’usage exclusif d’un public de « banlieusard » : il s’agit du RAP.

On retrouve les précurseurs français de cette musique dans une compilation sortie en 1990 « Rapattitude » avec des artistes comme EJM (Elément Dangereux), Tonton David (Peuples du monde), ou encore ASSASSIN et NTM (je rap : inédit dans tous leurs albums).

Beaucoup de productions voient le jour, néanmoins ce n’est pas exagérer de clamer haut et fort, qu’en cette période de nouveautés, la ville de Vitry sur Seine a joué un rôle de tout premier plan dans l’âge d’or du Rap, lorsque sort de l’une de ses cités le groupe LES LITTLE, en proposant un style original et underground, composé de trois jeunes talentueux: SULEE B, RONALD L et DJ SEK.

La ville des LITTLE, est indissociable du groupe lui-même tellement les Vitriots sont fiers d’où ils viennent. Cette volonté se retrouvera dans le célèbre groupe 113 moins de dix ans plus tard. A eux trois LES LITTLE sont porteurs de toutes les caractéristiques de la déferlante Rap Français : un langage argotique propre à leur ville (le Veul), des arrangements élaborés loin des pillages actuels, et des textes imprégnés de revendications politiques et sociales, tranchant sur les problèmes de cette fin de siècle.

Mais LES LITTLE sont plus que ça. Lorsque sort en 1992 leur album « Les Vrais » ils deviennent instantanément les représentants d’une nouvelle école de rappeurs. Ce sont de véritables poètes qui osent traiter de sujets novateurs : La drogue et ses méfaits (la drogue est un poison), dénonciation de comportements déviant (plus féroces pour faire mal), un quotidien de banlieusards troublant (journée de fou) et parviennent à imposer un genre totalement nouveau (à l’instar d’un Matt quelques années plus tard) avec « Laisse faire le tempo » véritable pépite de RnB français. Ils se démarquent même en utilisant l’humour pour quelques intro (la définition du H & Bitch).

Dans un registre que l’on pourrait nommer « Rap non commercial » LES LITTLE bénéficient malgré tout d’un buzz phénoménal pour l’époque. Ils font un duo avec Manu Dibango, réalisent un clip pour ce qui reste (à mes yeux) la meilleure chanson de l’album « Ressens le son », font parler d’eux sur rapline et se produisent sur pas mal de scènes Hip-hop d’alors.

En 1994 le groupe a probablement eu l’intention de faire un comeback avec une nouvelle dénomination « les Da lauss » (comprenez un « Lauss » un Pote dans le dictionaire veul…), mais sans que cela aboutisse véritablement, à part avec quelques mix tape qui circuleront dans les établissements scolaires de Vitry. Et encore parmi les affiliés (perso je n’ai pu écouter qu’une seule des chansons des Da Lauss…). Mais je n’ai pas vraiment de connaissances de cette période donc je n’affirme rien.

Il est tout de même triste de constater que le succès commercial n’a pas cessé de leur échapper en même temps que la popularisation du Rap en France, malgré la preuve de leurs énormes compétences que constituent les 16 chansons de leur album. Seul un autre groupe les remets à l'ordre du jour pour un featuring, à l'aube de l'an 2000, les N.A.P pour un maxi : "Les vrais" sous leur nom officiel LES LITTLE.

Avec LES LITTLE on a eu la chance d’écouter un groupe qui se démarquait du reste des artistes de l’époque. Un groupe original et alternatif, moins hard que les SUPREME NTM et cependant tout aussi respecté dans toutes les banlieues parisiennes. Les SUPREME NTM feront même appel à Sulee B, renommé alors Sulee B Wax, pour les arrangements de la chanson « Laisse pas trainer ton fils » de leur dernier album.

A défaut d’être considérés comme un groupe fondateur du Rap français, ces artistes de Vitry sur Seine ont traversé les années 90 en produisant un unique album qui plus de vingt ans plus tard n’a pas pris une ride et continue de ridiculiser un paquet de chanteurs actuels.

Le seul problème dans cet article, c’est que je ne connais pas certaines choses que j’aurais aimé expliquer. L’histoire de leur rencontre, comment ils ont réalisé leur album, la liste des concerts qu’ils ont effectués, le nombre de vente de leur album, comment ils ont rencontrés MANU DIBANGO… mais il en va de soit avec un groupe « underground » tel que le leur, dont certains détails resteront comme eux : ignorés à jamais…

A moins que vous le sachiez, et dans ce cas n’hésitez pas à nous le faire savoir…

En tout cas : leur album est toujours plus de quinze ans après, un must musical que j’écoute régulièrement et je me devais de leur faire un clin d’œil, un hommage. Dédicace aux LITTLE !

 

dimanche 27 novembre 2022

Wokisme dans Le Seigneur des Anneaux - Les Anneaux de Pouvoir

Le Wokisme. Est-ce une nouvelle religion ? Une nouvelle idéologie ? Une nouvelle façon de penser les œuvres ? J’en suis arrivé à boycotter « Les anneaux de pouvoir » alors que je me considère comme un passionné de l’œuvre de Tolkien. Je m’explique :

Il est certain que si Tolkien serait encore en vie, il aurait dû s’expliquer, voir s’excuser, du contenu de son œuvre devant les bien-pensants Woke. L’idéologie Woke, qui se résume à la déconstruction mais également à la réécriture de certains classiques, n’épargne pas Tolkien. La dernière série d’Amazon Prime voudrait faire croire aux Afro-américains (et globalement à toutes les personnes de couleur je pense) qu’eux aussi ont participé à la création de classiques comme ceux de J.R.R Tolkien, en les incluant dans l’histoire. Ce qui est faux. Amazon, au nom de « l'écriture inclusive » détruit l’identité visuelle de l’œuvre. Il n’était absolument pas anormal jusqu’à maintenant de ne pas s’imaginer des personnes de couleur dans l’histoire. Cette inclusivité consiste à s’approprier les concepts de Tolkien qui inscrivait les univers qu’il inventait dans un contexte presque biblique. La démiurgie de Tolkien était imprégnée d’éléments personnels et tragiques ayant constitué sa propre existence. Sa vie était singulière et sa projection dans le monde l’était tout aussi, n'ayant rien à voir avec notre monde en 2022. Comparer ces deux mondes est incohérent, anormal. Pas pour Amazon qui se permet beaucoup de choses.

Il faut malheureusement préciser que Tolkien n’a jamais eu droit de regard sur les adaptations visuelles de ses œuvres, après en avoir vendu les droits dans les années 50 car il manquait d’argent. Même son fils Christopher, qui détient à ce jour les droits des livres, a une fois donné son avis rapidement pour affirmer que même les adaptations de Peter Jackson ne lui plaisaient pas. Je n’ose imaginer ce qu’il aurait penser de cette adaptation-là.

Les Woke, s’imaginant être dans leur bon droit, veulent raconter du Tolkien dans un contexte tel qu’ils l’envisagent aujourd’hui, au mépris des vrais érudits de l’œuvre initiale.  Il s’agit non moins d’une tentative de contraindre idéologiquement la vision de tous ceux qui ne seraient pas d’accord avec Amazon. Même si vous êtes un passionné qui connait l’œuvre par cœur, si vous contestez la vision d’Amazon vous n’êtes qu’un raciste. Vous avez tort et vous devez vous convertir.

Avoir des semi-hommes (Les ancêtres des Hobbits), de couleur est incohérent vu qu’il n’y en a aucun dans les adaptations qui ont précédés. Que s’est-il passé pour que tous les Hobbits de couleurs disparaissent ? Faudra-t-il aussi refaire ces films ? Possible…

Même constat pour les nains. Sous prétexte que Tolkien n’a pas été explicite sur l’apparence de ces personnages, Amazon s’autorise à remodeler leur physique de façon inclusive. Comme si les principes de la géographie « humaine » n’importaient plus. La mythologie des pays Nordiques dans laquelle Tolkien a puisé son inspiration contient-elle des nains de couleur ? La réponse est non. Concernant les femmes naines, Tolkien avait écrit qu’elles ressemblaient aux hommes mais jamais il ne fut question qu’elle puissent être de couleur. D’ailleurs, DISA la reine est purement inventée par Amazon, dans les livres, elle n’existe pas.

Bref, cette rupture entre l’œuvre classique et l’époque dans laquelle cette adaptation s’inscrit, gâche mon plaisir de passionné. Je termine par ce constat troublant : Dans les années 20 lorsque le nazisme a voulu s’approprier les légendes médiévales issu d’une tradition nordique, ces mêmes légendes qui étaient venues nourrir l’Angleterre, Tolkien s’était insurgé. En expert du monde médiéval et de langues anciennes, il s’était employé à traduire ces textes pour en revenir à la source. Il estimait que cet univers collectif ne devait pas être dénaturé, dévoyé et détruit par l’idéologie nazie (Vincent Ferré sur France Culture le 31 octobre 2019).