lundi 20 mai 2019

Clairvoyance tardive

Elle n'est que mensonges et trahison, boursouflée de fausses promesses de chaleur, sournoise et désireuse de tuer les organismes vivant de mon balcon. Le ciel, cette toile grise abominable qui accompagne ce souffle maudit faisant tordre de douleur mon érable du Japon, indigne de la saison qu'il devrait représenter. Météo de merde du mois de mai ! Oups, fini les jolis mots d'un coup. D'autant plus que seul l'insatisfaction de voir mes plans de tomates pousser au soleil, demeure la raison de ma déception météorologique. Porter une écharpe en mai ne me pousse absolument pas à la déprime, bien au contraire : l'écharpe est un apparat très utile pour lutter contre les épouvantables odeurs de merde, omniprésentes du métro parisien, (écharpe imbibée de parfum bien entendu).

Alceste est ainsi que j'ai nommé l'un de mes sept poissons. Il s'agit d'un Guppy, mesurant deux centimètres peut-être. Je l'ai nommé ainsi en raison de son comportement de misanthrope dans les soixante litres de son nouvel habitat. Il fuit la compagnie de ses six autres petits camarades, se mettant toujours au fond, si le groupe est en surface et toujours à gauche près du filtre, si la bande est à droite à attendre de la bouffe. « La bande des six sans nom » me donne l'impression d'être une joyeuse bande de potes, des poissons de bonnes familles, bien élevé et heureux, mais allez savoir ce qu'il se passe vraiment dans cet aquarium. Si ça se trouve la grosse maman avec sa queue bleue et son ventre prêt à éclater de petits Guppy bébés est une vraie connasse. Ou alors est ce Alceste l'abruti ? Il ne se rapproche des autres que lorsque je les nourris de ces petites graines de toutes les couleurs à l'odeur plus que suspecte. Enfin, ils adorent la mixture visiblement. Ils la réclament sans cesse, tapant à la vitre dès qu'ils me voient arriver. Je ne peux même pas les observer tranquillement cinq minutes, sitôt qu'ils m'aperçoivent, ils deviennent comme fous. Ce serait presque une meute de chiens, aboyant et grognant, des limiers affamés depuis une semaine devant un Ramsay Bolton attaché à une chaise, dégoulinant de sang. Ils en seraient presque à prendre la parole et me demander de me bouger le cul un peu plus vite car il se fait faim bordel... « Ho l'être humain qui vit dans cet autre aquarium sans eau au-delà de notre bain à 25°, tu nous la files cette bectance oui ? » Oui, depuis que j'imagine leurs déclarations, je pense que la bande des six (et même Alceste en fait) parle comme dans Kaamelot.
Donc, je préfère Alceste dans cet aquarium. Je le comprends mieux que les autres.

La compagnie de mes Guppy vaut celle de certains humains que je suis bien obligé de côtoyer quotidiennement. Je préfère même la leur à certains ! Absolument. Mais je m’accommode de mieux en mieux à la coexistence avec des gens que je qualifie de sous-merde. Le monde en est plein, il faut faire avec. Je suis sans doute la sous-merde de certains d'entre eux également. J'apprends lentement, et je suis bien obligé de reconnaître que j'aurais aimé avoir cette clairvoyance moins tardivement concernant mes contemporains. Le monde est beau !!! Oui, mais aujourd'hui je ne crois plus aux trois points d'exclamation à la fin de cette affirmation. La perte de quelques amis que je considérais comme chers, ont achevé de me faire croire dans "l’amitié éternelle", même si vous traversez une sale période. Je n'aime pas trop l'idée de devoir qualifier des personnes de "sous-merde" mais, plus j'évolue et plus la maxime de La Rochefoucauld m'apparait comme vraie : Nul ne mérite d'être loué de bonté s'il n'a pas la force d'être méchant.


Bon allé.. Ce n'est pas tout ça, mais... Ce n'est pas tout ça.

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