Depuis que je suis
« confiné », appellation incontournable de cette période
maudite, je me suis lancé dans des story Instagram que j'ai
simplement appelées « Les mots du confinement ». Mais ce
sont plus que des mots qui me viennent à l'esprit. La story
Instagram consiste à écrire peu de phrases et le temps de
visionnage n'est que de quelques secondes. J'avais besoin de rédiger
plus longuement pour y voir plus clair. Je voudrais transformer cette
épreuve en quelque chose de salutaire aussi peut-être bien. Cette
période ressemble à un rêve. On ne se souviens pas vraiment de nos
rêves, encore moins les cauchemars, sauf si on les écrits. Voila
pour les raisons de cette chronique.
Je suis très casanier,
ce n'est donc pas l'obligation de rester chez moi qui me dérange. Ce
qui m’ennuie, c'est davantage la tension générale, palpable et
anxiogène. Je suis sorti faire des courses hier, les gens avaient ce
regard fuyant, presque mort déjà. Tout ceci me perturbe mais je ne
suis ni heureux, ni triste. Je refuse de regarder les informations
trop souvent, je ne supporte plus les moralistes du gouvernement ou
les journalistes en général. A chaque allocution je crains de
nouvelles restrictions. La perspective de ne plus voir ceux que
j'aime durant longtemps m’insupporte assez. Je ne tolère plus les
remontrances agressives de nos représentants. Je ne dis pas que ceux
qui bravent l'interdiction de sortir ont raison, bien au contraire,
mais ce désordre national ne doit pas peser sur nos épaules. Je ne suis
pas dans la culture de l'excuse ou de la soumission, mais il faut
reconnaître que je fais partie de cette génération qui n'a jamais
connu de véritables privations. N'ayant jamais connu, c'est comme si
j'avais toujours douté que cela puisse revenir un jour. Désormais
je ne dirais plus, « cela à existé », mais « ça
existe, ici et maintenant ». Nous n'en sommes qu'au début mais
je pressens qu'il ressortira quelque chose de positif d'avoir vécu
ainsi. Comme si le virus nous donnera éventuellement un prétexte à
vivre davantage, lorsque tout sera fini.
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